Formation d’un groupe à Claveyson

Texte d’Henri Chosson

D’après Camille Caty, volontaire de la Résistance responsable d’un groupe recruté à Claveyson et incorporé à la compagnie de Marsaz.

« Au printemps de 1943, lorsque mon frère reçoit l’ordre de partir en Allemagne pour le S.T.O., nous avons la visite de Jean Grouselle secrétaire de mairie à Claveyson, venant proposer à l’appelé une planque au Vercors. A partir de ce jour-là, nous étudions ce que nous pouvons faire pour la Résistance, nous organiser et créer un groupe de sédentaires, ce qui se réalise peu à peu avec Jean qui nous donne conseils et directives.

Un parachutage sur les hauteurs de Bren nous équipe en armes, planquées en différents endroits. Un container de fusils a été endommagé lors de son atterrissage. Nous remettons ces armes en état.

Avec la complicité et l’aide de personnes âgées qui, sans prendre les armes, nous rendent de grands services et nous donnent confiance en nous-mêmes, nous cachons des réfractaires qui viennent grossir nos rangs. Un stage de trois jours à Oriol en Royans avec une équipe de Saint Donat nous familiarise avec les armes de s alliés.

Après la descente de miliciens à Bren et Claveyson, à la recherche de Grouselle, demeuré introuvable, nous déménageons certaines caches d’armes jugées trop précaires. Ces fusils et grenades trouvent asile dans un terrier de lapin dans le bois de Suze mais pour quatre jours seulement, car les 6 juin le débarquement tant attendu à lieu.

Ce jour-là, le sous-lieutenant Chosson m’envoie son agent de liaison pour les directives de départ. Nous nous retrouvons à Marsaz, puis dans la soirée en position sur la route du Pilon »


Saint Donat sur l’Herbasse, Haut lieu de la Résistance

Nombreux sont les hommes et les femmes qui y ont participé, les uns du pays, les autres venant d’ailleurs, de tous horizons politiques ou religieux, de toutes professions, parfois unis dans des actions communes, parfois ignorés, tant il était indispensables d’être prudent et d’établir des cloisonnements. Une profusion d’initiatives, d’actions courageuses, de sacrifices librement consentis et de dévouements humanitaires, un foisonnement apparemment désordonné finira par attirer l’attention des Allemands, qui lanceront leurs mercenaires de l’est, les mongols, sur le village.

Louis Aragon et Elsa Triolet à Saint Donat sur L’Herbasse

Les écrivains résistants Louis Aragon et Elsa Triolet se cachèrent dans cette maison pendant plus d’un an, de juillet 1943 à septembre 1944, grâce aux réseaux communistes. Connus seulement sous les pseudonymes d’Elisabeth et Lucien Andrieux, ils passaient pour les habitants de la commune comme des réfugiés, nombreux alors dans la région. Seules quelques très rares personnes dont Mady et Jean Chancel, pharmacien et responsable résistant, connaissaient leur véritable identité.

Pendant ce séjour donatien de plus de 14 mois, Louis Aragon et Elsa Triolet ont poursuivi leur travail d’écrivains. Aragon y a écrit la fin du roman « Aurélien » ainsi que les nouvelles du recueil « Servitude et Grandeur des Français », mais aussi de nombreux poèmes rassemblés dans « La Diane française » ou « Le Musée Grévin ».
Il était chargé de mobiliser les intellectuels, écrivains, médecins, juristes, etc. de la zone sud, ce qui a motivé de nombreux déplacements. Elsa Triolet y a rédigé les nouvelles publiées en 1945 sous le titre de l’une d’elles « Le premier accroc coûte deux cents francs » pour lequel lui a été décerné le Prix Goncourt, au titre de l’année 1944.

Ils créèrent un journal « La Drôme en armes » qui parut du 10 juin au 5 septembre 1944.

(La façade de la maison a été modifiée, la porte d’entrée donnait dans l’impasse.)